REVIEW

NINTENDO Wii

NINTENDO

RÉDACTION : HYDCLOUD · 1 FÉVRIER 2014

INFOS

FABRIQUANT

Nintendo

GÉNÉRATION

7

PROCESSEUR

Broadway

MÉDIA

Disque optique (DVD, Mini DVD)

SORTIE FRANÇAISE

7 décembre 2006

Si je devais résumer le syndrome « Wii » en quelques mots, avant dernière machine de salon (à l'heure où j'écris ces lignes) imaginée par la firme de Kyoto et console de septième génération, je dirais tout simplement : coup de Poker.

Pari risqué pour Nintendo, à l'heure où des machines surpuissantes telles que la Xbox 360 de Microsoft, sortie un an auparavant et qui commence à peine à accueillir des softs dignes d'intérêt (Gears of War), où Sony vient à peine de lancer sa PS3 outre Atlantique et sur l'archipel nippon (la machine n'arrivera chez nous que trois mois plus tard) sensée être LA machine de demain (lecteur Blu-Ray, rétrocompatibilité PS/PS2 imparfaite mais présente, processeur principal CELL, capable de lancer des missiles sur orbite…).

Toute cette débauche de puissance constitue une politique marketing qu'a connu Nintendo par le passé. Oui… Par le passé, car la Wii est un tournant pour la firme du plombier qui nous vendait jusqu'ici du rêve avec des machines qui contrecarraient toute concurrence dans la course à la puissance !

La Super NES, plus évoluée que la Megadrive de Sega (mais pas tout le temps…), la Nintendo 64, première vraie machine 64 bits du marché et mettant presque tout le monde d'accord (si les développeurs s'en donnaient la peine, paix à son âme…), la GameCube, facile à programmer, supplantant la regrettée Dreamcast de Sega, mignonne comme tout et surtout détentrice de licences prestigieuses et exclusives (les licences Nintendo, Metroid Prime, Star Wars, l'accord « Capcom Five » et ses Biohazard), mais malheureusement bouffée toute crue par une PS2 qui avait une bonne longueur d'avance.

La GameCube, il faut bien l’avouer, n’a pas fonctionné comme Nintendo l’aurait voulu, les éditeurs tiers n’y mettant pas suffisamment de hargne ni d’énergie. Les licences Nintendo, c’est bien joli mais le public a besoin d’une ludothèque plus étoffée et se tournera définitivement chez Sony et sa PS2, machine qui dispose d’une des plus grosses ludothèques de l’histoire.

Nous sommes en 2004, bien que la Wii est à l'étude depuis la sortie de la GameCube, il est maintenant temps pour Nintendo de réagir et d'annoncer la relève… Satoru Iwata annonce une toute nouvelle machine lors de la traditionnelle conférence annuelle de la firme à l'E3. Nom de code : Revolution.

« On retient de ses erreurs », politique que Nintendo et plus spécifiquement que son concepteur de génie, le « Spielberg des jeux vidéos » Shigery Miyamoto, sait appliquer à la lettre. Nintendo écoute, Nintendo retient ses leçons, Nintendo (Iwata) s'excuse… Chez Nintendo, c'est tolérance Zero, aucun droit à l'erreur et quitte à annoncer quelque chose de grandiose, de « sensationnel », autant se lancer dans un concept nouveau, pas spécialement inédit, certes (rappelez-vous du Power Glove…) mais qui engendra à lui seul un tout nouveau genre : le Casual Gaming !

Nous étions déjà prévenus par Sir Miyamoto lors d’une interview : la « Revolution » sera outsider d’entrée face aux machines concurrentes… Il ne peut y avoir trois machines puissantes sur le marché, les caractéristiques techniques ne font pas tout pour une console ! Des paroles en contradiction avec les anciennes machines lancées par l'ex-fabriquant de jouets nippons mais pas totalement dénuées de sens au vu des derniers résultats de vente assez laborieux… Nintendo pense alors à une nouvelle façon de jouer, d'interaction qui prendrait le pas sur les performances visuelles.

C’est alors qu’intervient la société STMicroelectronics, entreprise franco-italienne, qui présente à Nintendo une technologie à fort potentiel : le capteur de mouvements ! Par ailleurs, il est intéressant de souligner le nombre de procès dont sera victime la firme de Kyoto depuis la mise en vente de sa machine, fautif d’avoir utilisé un procédé sans le consentement de ses « véritables » créateurs (et croyez-moi, ils étaient nombreux vu le nombre de personnes voulant leur part du gâteau !). Ce fameux contrôleur destiné à bouleverser le monde vidéoludique prendra finalement forme début 2005 mais ne sera pas prêt pour une représentation officielle à l’E3 la même année. Faute de passer pour des ânes en dévoilant un procédé révolutionnaire mais dysfonctionnel, Nintendo choisira tout de même de mettre la machine sous le feu des projecteurs, mais surtout sous les yeux hagards des journalistes et du grand public…

On pourrait ainsi se dire que le design du dernier nouveau né de Nintendo ne paye pas vraiment de mine, du moins, il n'inspire pas réellement la « puissance » espérée face à ses deux concurrentes directes et pour cause…

Pire ! Les caractéristiques techniques de la « Revolution » sonnent comme un retour en arrière, une sorte de « GameCube 1.5 » d'après bon nombre de détracteurs…

Totalement en contradiction avec l'élégance de ses petites sœurs, Nintendo nous dévoile une machine pourvue d'une plastique sobre et simpliste, beaucoup plus petite que ne le sont la PS3 (ce n'était pas très compliqué…) voire la Xbox 360… Le designer en charge du projet, Ken'ichiro Ashida, ne s'en d'ailleurs cache pas : les courbes de la portable Star actuelle du fabricant, la DS, ont largement inspiré celles de la future « Revolution ». Une sorte de bloc rectangulaire disposant d’un lecteur DVD frontal en solt-in (mange disque), équipé de quatre ports manettes GameCube standards (ce qui laissait bel et bien supposer la rétrocompatibilité avec l’ancienne machine), d’une connexion Wi-Fi  (mais pas de port Ethernet !), d’un port de cartes SD et de désormais classiques ports USB, le tout pouvant être aussi bien disposé à l’horizontale qu’à la verticale (sur un socle).

La console embarque en effet un processeur central, le Broadway, toujours fabriqué par IBM et successeur du Gekko de la GameCube. Ajoutons l'unité visuelle, nommée Hollywood, conçue par ATI (à l'instar encore une fois de la machine précédente) qui inclut à la fois RAM, chipset audio et GPU. On ne peut pas vraiment être enthousiaste face à une telle représentation dans la mesure où la console nous propose dans le meilleur des cas un affichage SD (480p) via un simple câble YUV/Composante ! À l'heure où Sony et Microsoft se battent sur le plan du hardware, avec leur résolution HD (voire Full HD pour certains titres sur PS3), les débauches d'effets visuels, les disques durs dotés de capacités confortables et j'en passe… Nintendo nous dévoile une console qui nous propose l'inverse : une machine indigne de son époque, dépourvue de toutes possibilités multimédia (pas de player DVD, disque dur interne inconnu au bataillon, lecture en flux streaming irréalisable…) !

Les mauvaises langues commencent alors à se délier, la firme de Kyoto en prend pour son grade sur une multitude de forums de passionnés qui iront même jusqu'à former des sortes de « clans » (les désormais célèbres Pro S, Pro M et Pro N) dans le but de défendre leur territoire.

Mais attention, car sous ses airs enfantins et simplistes, la « Revolution » n’a pas encore dévoilé sa carte maîtresse, nous le savions… Comme Miyamoto ne cesse de le dire : seuls les jeux définissent l’avenir d’une machine et non l’inverse !

Lors de cet E3, le grand public découvrira également un tout nouveau service en ligne, la Console Virtuelle, qui permet à l’utilisateur d’acheter divers jeux et applications via les serveurs de Nintendo, une première pour la firme du plombier mais nécessaire depuis l’avènement de tels services comme le Xbox Live en 2002 (voire la DreamCast dans une toute autre mesure).

Nous sommes en septembre 2005, soit quelques mois plus tard. Le big boss Satoru Iwata lui-même lèvera le voile sur l’arme ultime de sa machine lors du Tokyo Game Show à savoir le tout nouveau système de prise en main via capteurs de mouvements, celui-ci étant dorénavant assez fiable pour prétendre à une démonstration mais les choses accélèreront réellement en 2006 lors de la prochaine conférence de l’E3 ! Le nom du dernier bébé de Nintendo en étonne plus d’un : pour la première fois depuis son histoire, Nintendo n’inclut pas le nom de la marque pour baptiser sa dernière console. Ce sera donc tout simplement « Wii » !

Prononcez « We » comme « Nous », un titre qui en dit long sur les intentions du père plombier… Le nom de la future console de Nintendo amuse, il fait rire, jusqu’à provoquer les foudres des fans de la marque. Beaucoup s’interroge sur ce choix, il ne faut pourtant pas chercher bien loin.

Prononcez « We » comme « Nous », un titre qui en dit long sur les intentions du père plombier… Le nom de la future console de Nintendo amuse, il fait rire, jusqu’à provoquer les foudres des fans de la marque. Beaucoup s’interroge sur ce choix, il ne faut pourtant pas chercher bien loin. À l’instar de la DS, la Wii a comme lourde tâche de mettre tout le monde d’accord, les novices comme les connaisseurs… Le but est simple : tout le monde doit être sur le même canapé devant son écran ! La Wii est un appel au rassemblement sur tous types de softs et ce, avec son tout nouveau procédé révolutionnaire de contrôle, renommé pour l’occasion WiiMote.

C’est avec cette image conviviale qui Nintendo lobotomisera constamment nos chères têtes blondes à grand renfort de marketing… Une campagne destinée à tous dont la firme abusera jusqu’à épuisement des stocks. Par ailleurs, cette toute nouvelle mode du « n’importe qui peut jouer avec notre système » ne fera que provoquer la naissance du phénomène « Casual Gaming » (le jeu pour tous), au grand dam de certains…

Car oui, la console fait peur aux gamers ayant connu l’âge d’or de Nintendo, aux gamers qui ont grandi aux côtés de cette marque prestigieuse aussi bien reconnu pour ses licences que pour ses machines à la pointe de la technologie… Délaissés par cette machine qui suit une politique contraire à tout ce qu’ils ont connu, Nintendo préférant retourner sa veste et sauver ce qu’il lui reste en s’ouvrant à un marché plus rapporteur, quitte à ce que sa machine se face purement et simplement massacrer par la concurrence technologiquement parlant.

« Une machine avec une génération de retard », voilà ce que nous propose Nintendo. La stratégie peut paraître risquée au premier abord, mais les études de marché démontreront tout le contraire. En effet, en choisissant de fabriquer une console à la ramasse, la firme de Kyoto savait pertinemment qu’elle allait s’attirer les foudres des farouches gamers, ceux là même qui précommandent leur console « Day One » quelque soit son prix de vente, du moment qu’elle en mette plein la vue et offre une expérience inédite.

La Wii ne peut satisfaire les exigences techniques d’un connaisseur, certes mais elle lui offre autre chose : un line-up digne de ce nom. De l’autre côté, les casuals (appelons-les ainsi) veulent une machine peu onéreuse, qui les amuse devant leur TV, entre potes, en famille (politique déjà enclenchée depuis la Nintendo 64)… C’est donc Banco pour les deux camps !

Nintendo annonce, à l’occasion de trois conférences, les dates de disponibilité de son bébé à travers les différents marchés mondiaux (19 novembre aux USA, 2 décembre au Japon et 7 décembre en Europe). La firme du plombier vise clairement les fêtes de fin d’année (créneau au combien stratégique) et annonce surtout un prix de vente bien en dessous de la concurrence (250 €) avec son hardware dépassé mais la disponibilité immédiate d’une licence qui garantira les ventes de la machine par palettes : The Legend of Zelda : Twilight Princess ! Ces dernières aventures de Link seront par ailleurs disponibles en parallèle sur GameCube et démontreront indéniablement la proximité technologique entre les deux machines… Une petite déception à ceux qui cherchaient l’upgrade tant attendu mais la version Wii offrira tout de même l’avantage du gameplay via les WiiMote/Nunchuk.

Le communiqué de Twilight Princess fait l’effet d’une bombe (l’annonce d’un nouveau Zelda fait et a toujours fait sensation !) mais la console sera cependant livrée avec un autre titre, taillé pour exploiter les possibilités du couple WiiMote/Nunchuk, pour démontrer à quel point la nouvelle machine de Nintendo peut offrir une expérience jusqu’ici inégalée au détriment d’un visuel tout ce qu’il y a de plus simpliste (les protagonistes sont représentés par de simples avatars). Son nom : Wii Sports ! Bien que Wii Sports puisse faire l’objet de nombreuses moqueries quand à son visuel complètement dépassé, à l’heure où des softs comme Gears of War d’Epic Games pointent le bout de leur tronçonneuse, démontrant les réelles capacités d’une machine Next Gen, le soft vendu en bundle avec la nouvelle machine de Big N fait mouche !

Nintendo parvient à conquérir le cœur des consommateurs allergiques à notre univers et ce à grand renfort de Spots TV. Ces Spots TV, parlons en justement puisque la firme de Kyoto en profitera pour réadapter le visuel de ses réclames avec sa toute nouvelle politique du « Jeu pour tous ».

Une identité propre, un cachet très particulier… Dés la première image, nous savons qu’il s’agit d’une publicité destinée à la Wii ! Une famille, des amis qui s’agitent avec leurs WiiMote/Nunchuk devant leur écran, s’amusant à imiter des mouvements de golfeurs, des passes de tennis (attention à la casse…), à lancer des boules de bowling… Le tout teinté d’un blanc pétant, symbolisant la pureté et la volonté de « réunir » tout le monde (à l’instar du packaging de tous les produits Wii et DS) dans un seul but : s’amuser ! Voilà ce que nous propose WiiSports et avec ses cinq disciplines (tennis, baseball, bowling, golf et boxe) ! Nous n’utilisons plus de bêtes pad, nous imitons la réalité !

La communication fait tilt, le soft offert avec la Wii attire les plus curieux et peu importe si ça ne plait pas aux vieux de la vieille, eux auront Twilight Princess au lancement de la machine. Les précommandes éclatent, le plombier moustachu peut dormir tranquille avec l'écoulement record de quelques 600 000 unités aux USA, 325 000 en Europe et 105 000 au Royaume-Uni !

Cela n’étonne personne, c’est naturellement The Legend of Zelda : Twilight Princess, avec ses 454 000 exemplaires écoulés dés le lancement qui sera le grand gagnant de ces fêtes de fin d’année… Sur le court terme ! En effet, Wii Sports, lui, sera écoulé dans le monde à plus de 81 millions d’exemplaires durant la carrière de la Wii ! Des chiffres qui donnent le tournis, certes, mais qui font de ce soft le jeu vidéo le plus vendu de tous les temps !
Pour l’avoir vécu sur place, le jour de la sortie de la machine au Micromania La Defense et ce à l’occasion d’un reportage que j’ai du réaliser dans le cadre de ma formation (vidéo disponible dans l’encadré spécifique), je peux vous dire que la pénurie de la machine était bel et bien réelle… Il était en effet très difficile de se procurer son exemplaire si vous ne l’aviez pas réservé !

Incroyable, inimaginable et pourtant vrai… Nintendo renverse complètement la vapeur ! La Wii devient en très peu de temps un véritable phénomène de mode, écrasant littéralement ses deux concurrentes, la Xbox 360 et la PS3, en termes de ventes !

Dés 2007, la Wii se vend en effet mieux que les machines de Microsoft et Sony réunies à travers le monde, surtout au pays du soleil levant où la dernière née de Nintendo s’arrache comme des petits pains (six fois plus que les deux monstres de technologies concurrents d’après les analystes). Depuis la Super NES, aucune machine de Nintendo n’avait atteint de tels scores ! La Wii devient alors leader des machines de salon, victime de son succès puisque la firme de Kyoto annonce une rupture de stock internationale, la machine n’ayant même pas l’occasion d’atteindre les étals commerçants une fois les stocks renfloués…

Dés 2008, la suprématie de la Wii est officielle… Que ce soit au Japon, outre Atlantique ou en Europe, la machine est déclarée comme étant la console la plus vendue de sa génération ! Quelques six millions de machines sont écoulées au Japon et plus de trois millions aux USA (soit trois fois plus que la PS3… Ne parlons même pas de la Xbox 360).

Nintendo se frotte les mains… D’autant plus que les bénéfices sur le long terme, engendrés par un faible coût de production de sa machine, assurent un rendement très confortable pour la firme ! Un succès lié à un prix de vente imbattable, certes, à une notoriété mondiale indiscutable, pourquoi pas, mais Nintendo dispose d’armes autrement plus redoutables : ses licences !

Acheter Nintendo, c’est en effet signer pour profiter du savoir faire vidéoludique de la firme et, ne nous le cachons pas, combler les attentes des gamers… Super Paper Mario, Metroid Prime 3 : Corruption, Super Mario Galaxy et surtout, Mario Kart Wii (commercialisé en bundle avec le Wii Wheel, un volant virtuel, il sera le soft le plus vendu de la machine après WiiSport)… Nintendo ne prend aucun risque et compte bien exploiter chacune de ses licences jusqu’à la moelle. Facile certes, mais quelle importance puisque tous ces titres sont excellents, apportent de réelles nouveautés en termes de gameplay via le couple WiiMote/Nunchuk et brillent par leur réalisation, prouvant que le visuel HD des machines de nouvelle génération ne constitue pas obligatoirement de bons jeux.

Le génie de Shigeru Miyamoto n’est pas totalement innocent à ce succès, et si la majorité d’entre  nous avions une ludothèque à 90% remplies de jeux exclusifs à la marque, des éditeurs tiers vont aussi mettre la main à la patte pour exploiter la WiiMote intelligemment et ainsi nous sortir quelques perles ludiques (Zack & Wiki, No More Heroes…).

La même année, Nintendo mettra tout le monde d'accord en nous ressortant de ses tiroirs soit des suites de ses licences phares, prévisible certes, mais au combien attendues par les fans (Super Smash Bros. Brawl en tête), soit des reliques que l'on pensait oubliées à jamais (un remake de Punch Out!! qui exploite lui aussi les possibilités offertes pas le couple WiiMote/Nunchuk).


Satisfaire les gamers, c’est bien joli, mais contenter un public bien plus large, c’est beaucoup plus rentable ! Ainsi, hormis la disponibilité des prévisibles manettes classique/classique pro (pour contenter les puristes) et Wii Zapper (à chaque console son flingue), naîtront différents types de features comme Wii Speak (un micro commercialisé avec Animal Crossing) et le très étonnant Wii Balance Board (faite du ski, du snowboard, du skate chez vous, devant votre TV mais également et du sport suivi par un coaching virtuel !).

En adoptant une Wii, le grand public adore et les gamers sont comblés ! La Wii est un véritable phénomène de mode, mais comme chacun sait, un phénomène de mode ne peut perdurer indéfiniment…

Nous sommes en 2009 et, il faut le dire, Nintendo vit assez bien son succès. Les ventes de machines cartonnent, certains éditeurs tiers continuent de sortir leur petite exclusivité maison que l'on s'étonnerait même de voir débarquer sur une console vêtue de blanc (MadWorld et Silent Hill Memories en tête). Malheureusement pour nous, certains jeux ne passeront jamais les frontières européennes, des perles d'avantage destinés à une poignée d'Otaku, comme Zero : Gesshoku no Kamen (Project Zero 4), Monster Hunter G ou encore Phantom Brave…

Le temps passe, Sony et Microsoft commencent un peu à avoir les nerfs de voir leurs parts de marché s’envoler du côté de chez Nintendo. Le seul désavantage de cette dernière étant très certainement son manque de puissance avec son hardware d’un autre temps…

… Au grand dam des tiers qui n’ont d’autre choix que de porter leurs jeux AAA en version low cost (480p) sur la petite machine de Nintendo ! Call of Duty, Need for Speed, Tomb Raider… Toutes ces licences juteuses font peine à voir sur la Wii comparé à ce que l’on peut trouver en face.

Par ailleurs, beaucoup de gamers trouveront très vite une solution pour pallier à ce problème : s’équiper d’une Wii pour les exclusivités de la machine et d’un PC pour avoir droit au confort visuel des softs multisupport (la montée en puissance de la dématérialisation via la passerelle Steam ne sera pas anodine à ce succès). Bien que ce combo constitue une alternative certaine pour le grand public, les possibilités techniques limitées de la Wii auront raison de sa carrière sur le long terme et l’avenir de la console amorce tout doucement un virage redouté par la firme de Kyoto.

Les tiers commencent en effet à fuir la console, les jeux portés sur la Wii ne se vendent pas ou très peu, sans compter les retards engendrés par le développement (il faut réadapter le gameplay, retravailler le moteur 3D…). Pire, certains n’hésiteront pas à annuler purement et simplement la sortie de leurs titres sur la machine, prédisant une rentabilité plus qu’incertaine !

Coup dur pour Nintendo qui connaissait pertinemment les risques de concevoir une machine larguée  d’avance ! La période des fêtes de fin d’année 2009 arrive à grands pas, un nuage noir commence à apparaître à l’horizon…

Sony et Microsoft décident de revoir leur politique et annoncent la baisse tarifaire de leur console respective… Un choix raisonnable pour la concurrence, qui mettra pour le coup Nintendo dans un étau. Pour la toute première fois depuis trois ans de règne, Nintendo se décide alors de contre-attaquer en se résignant à réajuster lui aussi le prix de sa machine (la marge confortable du trio « coût de fabrication/prix de vente/nombre de machines écoulées » ayant largement fait son temps).

Chose étonnante et qui mérite d’être soulignée : aucun gros titre ne sera annoncé pour ces fêtes de fin d’année dans le but de rattraper la baisse significative des ventes de la console (les experts financiers parlent d’une chute de 50% !). Seuls Muramasa : The Demon Blade, soft exclusif (pour un temps…) à la Wii, titre exceptionnel, mémorable de Vanillaware (Princess Crown, Odin Sphere…), taillé pour les puristes mais arrivé bien trop tardivement en Europe et New Super Mario Bros. Wii, portage de la mouture DS au succès incontestable, sortiront du lot…

C’est peu, bien trop peu pour constituer un argument d’achat significatif auprès du grand public, d’autant plus que Microsoft et Sony balancent de leur côté l’artillerie lourde sur leur support respectif (Uncharted 2 : Among Thieves, Call of Duty : Modern Warfare 2, Assassin's Creed II…).

Autant de licences AAA juteuses qui feront vendre énormément de machines chez la concurrence (surtout en Europe et aux USA) et irréalisables sur Wii. Le père plombier voit rouge et doit assumer ce qui lui arrive… Nous sommes en 2010, la véritable descente aux enfers ne fait que commencer…

Sony et Microsoft ayant bien analysé les attentes du grand public durant ces dernières années ont également mis au point leurs features « sans manette » maison ! Lors de la grande parade de l’E3 2010, le projet Natal, procédé révolutionnaire basé sur la commande vocale mais aussi la reconnaissance de mouvement via une caméra frontale branchée à la Xbox360 et présenté un an auparavant, est annoncé officiellement pour la fin de l’année. Il sera renommé pour l’occasion Kinect. Avec un tel concept, nul doute que le Kinect nous offre l’avenir du virtuel. Les concepteurs y voient en effet des possibilités infinies de gameplay et le grand public ne peut faire autrement que de comparer ce feature du futur à la désormais « has been » WiiMote, voire même au récent PlayStation Move annoncé dans le même temps !

Le succès de Nintendo se retourne contre lui-même, ses concurrents utilisent les propres armes du plombier pour lui faire face (capteur de mouvement et tarif accessible de leur machine), sans compter l’argument significatif du hardware plus performant !

Le grand public ne s’y trompant pas, la suprématie de la Wii prendra fin dés l’année 2010 puisque les éditeurs, désormais définitivement attirés par les machines concurrentes, ne seront plus au rendez-vous et comme chacun sait, sans l’aide des tiers, la Wii ne peut survivre dans l’arène.

L’excellent No More Heroes 2 : Desperate Struggle, Super Mario Galaxy 2, considéré comme le meilleur Mario en 3D depuis bien longtemps, le revival et sublime Donkey Kong Country Returns (Retro Studios, une valeur sure…), Pandora’s Tower (excellent RPG de Ganbarrion mais sorti bien trop tard en Europe, comme d’habitude !) et surtout… Surtout deux softs hors du commun à savoir Xenoblade Chronicles (selon moi le meilleur RPG depuis Final Fantasy VII, mais cela n’engage que moi…) et l’ultime cadeau de fin de vie de la Wii : The Legend of Zelda : Skyward Sword !

Malgré l’annonce de ces ultimes cartouches (et quelles cartouches !), qui redonneront un second souffle temporaire à la machine de Nintendo, celle-ci succombera par la suite lentement dans les abimes de la dure loi du marché et ce, malgré la sortie plus que tardive (2013 !) d’une version plus compacte, rappelant aisément l’esthétique d’un Game & Watch (Nintendo nous fait de l’œil nostalgique !) : la Wii Mini qui aura finalement peu de succès.


Ne soyons pas rabat joie pour autant ! La Wii a énormément bien vécu son temps et a donné une bonne leçon à Sony et Microsoft, leur prouvant sans contestation possible qu’un concept original est largement capable de faire face aux textures les plus complexes !

Phénomène de mode ? Très certainement. Mais avec cette machine de septième génération ayant su braver les épreuves de la HD, Nintendo ouvrira indéniablement de nouvelles portes ludiques à cette industrie en plein essor en inspirant nombre d'ingénieurs à l'affut de nouveaux concepts interactifs.

La relève, nous la connaissons déjà avec une « Wii HD » annoncée dés 2011 et commercialisée sous le nom Wii U depuis peu. En jouant sur la prudence d’une politique économique déjà explorée (faible coût de production), Nintendo a su retenir les erreurs passée en signant enfin l’intégration du port HDMI sur sa future machine (et fort heureusement !). Réemployer un nom qui a fait le succès de la marque auprès d’un grand public lambda, marcher sur la mode des tablettes tactiles, exploiter sempiternellement ses licences phares  tout en assurant un service online digne de ce nom… Autant de choix stratégiques propres à la firme de Kyoto mais suffiront-ils à surpasser une politique de communication brouillonne et un hardware difficilement exploitable par les éditeurs tiers ?

À l’heure où j’écris ces lignes, rien n’est aujourd’hui certain…

AndJoy !